A 11 jours des législatives, le président du RN Jordan Bardella a voulu rassurer mercredi sur sa politique étrangère, en affirmant ne pas vouloir « remettre en cause les engagements » de la France à l’international en matière de défense, tandis que l’Elysée défendait la position controversée d’Emmanuel Macron sur le « changement de sexe en mairie ».
Le favori joue la sécurité. « Je n’entends pas remettre en cause les engagements pris par la France sur la scène internationale », a déclaré M. Bardella, en visite au salon de défense Eurosatory près de Paris.
« Il y a un enjeu de crédibilité à l’égard de nos partenaires européens et de nos alliés de l’Otan », a ajouté le chef de file du RN, crédité de 33% dans le dernier sondage Ifop de lundi.
Plus question donc de « quitter le commandement intégré » de l’Alliance atlantique, comme le proposait Marine Le Pen il y a deux ans. En tout cas pas tant que la guerre en Ukraine « est toujours en cours », comme M. Bardella l’avait déjà expliqué pour tenter de gommer l’image pro-Kremlin que son parti traîne comme un boulet.
Le jeune président du RN a d’ailleurs confirmé son intention de maintenir le soutien militaire à Kiev, avec toutefois une « ligne rouge » sur les « missiles longue portée » et autres armes qui permettraient de « frapper le territoire russe », pour « éviter tout risque d’escalade ».
« Déraisonnable »
Promis à Matignon à seulement 28 ans en cas de victoire, Jordan Bardella s’emploie depuis plusieurs jours à dissiper les doutes sur son programme.
En particulier sur la réforme des retraites portant l’âge légal à 64 ans, qu’il s’est engagé à abroger « à partir de l’automne » en favorisant les carrières longues. Ou encore sur son programme économique, promettant une baisse de la TVA sur l’énergie et les carburants dès cet été, mais seulement dans « un second temps » sur les « produits de première nécessité ».
De la même manière, il s’est engagé à dissoudre « toutes les organisations d’ultragauche et d’ultradroite », y compris le syndicat étudiant GUD dont d’anciens membres gravitent autour du RN. « Nous n’avons jamais eu de mansuétude à l’égard de milices (…) qui cassent et menacent la paix civile dans notre société », a-t-il affirmé.
Une façon de désamorcer les critiques pour celui qui « refusera d’être nommé » à la tête d’un gouvernement s’il n’obtient pas de majorité absolue à l’Assemblée.
Ce qui n’empêche pas Emmanuel Macron de trouver le programme de l’extrême droite « déraisonnable » à la fois « financièrement et dans son rapport à la politique ».
Mais le chef de l’Etat, pourtant prié par une partie de ses troupes de ne pas s’afficher dans la campagne, s’est surtout illustré par une lourde charge mardi contre la gauche unie sous la bannière du Nouveau Front populaire. Il a fustigé son programme, le taxant de « totalement immigrationniste ».
Ils proposent « d’abolir toutes les lois qui permettent de contrôler l’immigration », a-t-il martelé lors d’un déplacement sur l’île de Sein (Finistère) pour célébrer le 84e anniversaire de l’Appel du 18 Juin.
« Projet de société »
Le président de la République a aussi dénoncé « des choses complètement ubuesques comme aller changer de sexe en mairie » dans le programme de la gauche – qui propose d’« autoriser le changement d’état-civil libre et gratuit devant un officier d’état civil ».
« Le président de la République perd ses nerfs », a répliqué sur franceinfo le patron du parti communiste Fabien Roussel.
« On attendait Jupiter, on a eu Néron », a taclé sur RTL le premier secrétaire des socialistes Olivier Faure. « Cet homme élu et réélu pour faire face à l’extrême droite enchaîne les reprises du discours de l’extrême droite », a-t-il accusé.
L’Elysée a défendu la position du chef de l’Etat. « Le changement de sexe, libre, en mairie n’est pas un projet de société qu’il défend au regard de la complexité de toutes les questions que cela soulève », a fait valoir son entourage, tout en vantant le « bilan de progrès sur les questions sociétales » d’Emmanuel Macron, de la « PMA pour toutes » à l’IVG dans la constitution.
Mais pour l’insoumis François Ruffin, le président « a choisi son camp, pour lui mieux vaut le national autoritaire que le Front populaire ».
La gauche, qui a reçu mardi le soutien de la CGT, continue de mener campagne sur le terrain, à l’image du social-démocrate Raphaël Glucksmann à Marseille où une candidate de son parti Place publique affronte la ministre Sabrina Agresti-Roubache.
Du côté de la majorité sortante, le Premier ministre Gabriel Attal, qui sera au 20H de TF1, réunit mercredi soir les candidats de son camp au siège de campagne de Renaissance pour « ressouder » et « mobiliser » ses troupes
bur-arz-sde-gbh/sde/pta