L’armée israélienne a mené mardi des bombardements meurtriers sur plusieurs secteurs de la bande de Gaza, les plus violents ayant touché la ville de Rafah dans le sud du territoire palestinien dévasté par plus de huit mois de guerre.
Même si les frappes israéliennes et les combats contre le Hamas palestinien ont baissé d’intensité depuis l’annonce dimanche d’une pause humanitaire dans une zone de Gaza, la défense civile locale a annoncé la mort de 13 Palestiniens dans des bombardements israéliens sur le camp de Nousseirat (centre).
Réitérant leur appel à des élections anticipées en Israël, des milliers d’Israéliens ont manifesté lundi soir contre la conduite de la guerre par le gouvernement de Benjamin Netanyahu et en faveur d’un cessez-le-feu qui permettrait la libération des otages encore retenus à Gaza.
Ces derniers ont été enlevés lors d’une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre qui a déclenché la guerre, Benjamin Netanyahu jurant de détruire le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza depuis 2007.
Toute la nuit, le bruit d’explosions a été entendu à Rafah, cible d’intenses tirs d’artillerie, selon un correspondant de l’AFP sur place. Des affrontements ont opposé combattants palestiniens et soldats dans plusieurs quartiers.
Dans le centre du territoire palestinien, où les quelque 2,4 millions d’habitants sont assiégés par l’armée israélienne, 13 Palestiniens ont été retirés des décombres de deux habitations touchées par des frappes israéliennes dans le camp de Nousseirat, a indiqué la Défense civile.
Des obus et des raids aériens ont également visé le camp de réfugiés d’al-Bureij, Deir al-Balah (centre) et Gaza-Ville (nord), d’après des témoins.
« Tous les obstacles »
Malgré les multiples efforts et pressions de la communauté internationale, y compris des Etats-Unis, un allié d’Israël, pour cesser les hostilités, la perspective d’un cessez-le-feu semble lointaine, les protagonistes campant sur des exigences intangibles.
M. Netanyahu veut poursuivre la guerre jusqu’à la défaite totale du Hamas et le libération de tous les otages, alors que le mouvement palestinien exige un cessez-le-feu permanent et un retrait israélien total de Gaza. Un plan de trêve annoncé le 31 mai par le président Joe Biden est resté jusque-là lettre morte.
En annonçant dimanche une pause quotidienne « de 08H00 à 19H00 » (05H00 à 16H00 GMT) jusqu’à nouvel ordre afin de faciliter l’acheminement de l’aide dont les Gazaouis ont cruellement besoin, l’armée israélienne a d’ailleurs affirmé que ses opérations ne cesseraient pas.
La pause concerne un tronçon routier d’une dizaine de km allant du passage de Kerem Shalom, à l’extrémité sud d’Israël, jusqu’à l’Hôpital européen de Rafah, un peu plus au nord.
L’ONU, tout en saluant cette mesure, a réclamé la levée « de tous les obstacles » à l’acheminement de l’aide.
Kerem Shalom est devenu l’unique passage pour l’aide humanitaire dans le territoire palestinien menacé de famine selon l’ONU, depuis que l’armée a lancé son offensive terrestre à Rafah le 7 mai et pris le contrôle du poste-frontière avec l’Egypte.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l’armée.
En riposte, l’armée israélienne a lancé une offensive de grande envergure sur le petit territoire surpeuplé de Gaza qui a fait jusqu’à présent 37.347 morts, la plupart des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, mouvement considéré comme terroriste par l’Union européenne et les Etats-Unis.
« Ils vont mourir »!
Selon un haut responsable israélien qui a requis l’anonymat, des « dizaines » d’otages retenus à Gaza sont en vie. « Nous ne pouvons pas les laisser là-bas longtemps, ils vont mourir. »
« Tous! Maintenant! », ont scandé lundi soir des milliers d’Israéliens rassemblés près de la résidence de Benjamin Netanyahu et du siège du Parlement à Jérusalem, pour appeler à un cessez-le-feu qui permettrait la libération des otages.
La guerre a entraîné l’ouverture d’un front à la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs se sont intensifiés entre le Hezbollah libanais, un allié du Hamas, et l’armée israélienne.
L’envoyé spécial de Joe Biden, Amos Hochstein, est arrivé lundi à Jérusalem pour faire pression en faveur d’une désescalade avec le Hezbollah pro-iranien.
« Le risque d’erreurs de calcul conduisant à un conflit plus vaste est bien réel », a prévenu la coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert.