Quel cocktail budgétaire si jamais Emmanuel Macron se voyait conforté par les élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains ? Lors de la conférence de presse qu’il a tenue ce mercredi midi , le chef de l’Etat a donné les premières indications sur son projet, qui exclut formellement toute désindexation des retraites et ne ferme pas la porte pour la première fois au levier fiscal dans le cas d’une éventuelle coalition.
La conception du futur projet de loi de finances pour 2025 – qui doit être présenté fin septembre – s’annonce d’ores et déjà dantesque. La majorité qui sortira des urnes aura deux mois pour accoucher d’un budget, alors que la France est sous l’oeil des marchés financiers à cause de son déficit, et plus encore depuis dimanche après la décision de dissolution d’Emmanuel Macron.
« Responsabilité budgétaire »
Dans ce contexte, le chef de l’Etat a réaffirmé ce mercredi son cap, alors que le gouvernement prévoyait jusque-là de faire au moins 20 milliards d’économies pour ramener le déficit de 5,1 % cette année à 4,1 % fin 2025 . « Il est tout à fait évident qu’il faudra préparer un budget avec des réformes qui permettent de faire des économies, comme on l’a fait ces dernières années », a-t-il expliqué.
« La responsabilité budgétaire continuera d’être au coeur d’une majorité de gouvernement si c’est la majorité actuelle qui l’emporte avec des alliés », a-t-il ajouté, précisant que « cela devra faire l’objet de discussions entre les forces qui sortiront de cette élection ». En vue du futur scrutin, le locataire de l’Elysée s’est en effet déclaré désireux de bâtir une « fédération de projets » avec « des sociaux-démocrates, des radicaux, des écologistes, des démocrates chrétiens, des gaullistes et plus largement, beaucoup de nos compatriotes qui ne se reconnaissent pas dans la fièvre extrémiste ».
Avant ces discussions, Emmanuel Macron a balayé ce qui sera possible et ce qui ne le sera pas. Dans cette dernière catégorie, il y a clairement la piste d’une sous-indexation des pensions de retraite. Depuis plusieurs semaines, certains ténors de la majorité ou des ministres comme Thomas Cazenave (Comptes publics) poussaient pourtant pour une désindexation au moins partielle (sur les retraités les plus aisés) afin de faire des économies.
Défense du pouvoir d’achat des retraités
En mars, le chef de l’Etat avait déjà exprimé son courroux sur cette piste . Ce mercredi, il lui a fermé définitivement la porte : « Les retraites seront bien indexées sur l’inflation. Le pouvoir d’achat des retraités, ce n’est pas une variable d’ajustement pour nous », a-t-il affirmé.
Il faudra donc trouver plus d’économies ailleurs. D’autant qu’une des mesures censées justement en rapporter, et ce dès l’an prochain, paraît être en suspens. Le président de la République a ainsi affirmé « assumer » la réforme de l’assurance-chômage qualifiée « d’indispensable ». Mais dans le même temps il souhaite en « construire les modalités » après les élections législatives : « Si certains veulent l’améliorer, la changer, je ne peux pas dire que je crois en la coconstruction du projet et affirmer que c’est intangible », a-t-il observé.
Le gouvernement a présenté il y a quelques semaines une réforme – avec un projet de décret en cours d’examen au Conseil d’Etat – qui durcit une nouvelle fois les règles de l’indemnisation des chômeurs, imposant de travailler 8 mois sur 20 pour y avoir droit. Cela devait dégager plus de 1 milliard d’euros d’économies dès l’an prochain si la réforme allait au bout, et près de 4 milliards à l’horizon 2027 (une grosse économie intégrée d’ailleurs dans le programme de stabilité envoyé par Bercy à Bruxelles).
Levier fiscal
Pour redresser les comptes, reste la piste d’une hausse d’impôts. Jusqu’à présent, Emmanuel Macron en avait fait un tabou absolu, rejetant toutes les velléités en la matière et rappelant fréquemment les avoir baissés de 60 milliards depuis son arrivée à l’Elysée. Il a répété son attachement à ce marqueur. Les baisses d’impôts, « cela fait partie des objectifs de cette majorité ».
Toutefois, le chef de l’Etat a entrouvert pour la première fois la porte à une entorse à ce sacro-saint principe fiscal : « Si certains dans la discussion veulent ouvrir tel ou tel levier, je ne peux pas le préempter aujourd’hui. Ça doit faire partie d’une discussion entre responsables », a-t-il expliqué.