Roland Dumas, ancien ministre, brillant avocat mais doté d’une réputation douteuse, est présent mercredi. Cela dure 101 ans. François Mitterrand, le fidèle camarade politique, annonça un jour ceci : « Je suis deux avocats : Badinter pour le droit et Dumas pour la mort. »
Table rase, vainqueur de Roland Dumas comme triple ministre des Affaires étrangères avant la présidence du Conseil constitutionnel. L’aura caractérise les trésors par leur parole, les cabinets d’avocats par leurs talents commerciaux, et tout Paris par leur culture, leur intelligence et leur séduction. Chaud, cynique, fascinant, dis-je, à travers l’appétit du public.
Cependant, en 2000, sa carrière s’est complètement terminée avec le scandale Elf. J’ai favorisé et condamnerai l’invitation d’un de mes indescriptibles maîtres, Christine Deviers-Joncour, au Groupe Pétrolier pour des salaires fictifs. Au bord du suicide, après avoir vu quotidiennement les révélations sur sa vie privée dans les médias, il s’en est remis au Conseil constitutionnel. Trois ans plus tard, cela va se détendre. En 2007, il a de nouveau été condamné par la justice à une peine de prison assortie d’amendes et d’une somme de réparation de 150 000 euros pour complicité d’emprisonnement du sculpteur Giacometti.
Une vie romantique après un matin d’enfant dans sa ville de Noël de Limoges. Tout va mal lorsque son père, résistant, est fusillé par la Gestapo en 1944. Un drame qui rapporte à Roland Dumas une fortune réservée aux enfants de la résistance. Qui poursuit alors des études de droit à l’Institute of Oriental Languages ou encore à la London School of Economics ? Mort dans son corps, ce grand amateur d’opéra parvient à faire carrière de chanteur lyrique.
Clients célèbres
Mais parmi ses trésors, il collectionne des clients célèbres : Chagall, Picasso, le psychanalyste Jacques Lacan et l’écrivain Jean Genet. Mais aussi des personnalités politiques de l’ombre ou des causes brillantes : alors que la guerre d’Algérie fait rage, il défend Francis Jeanson, le grand carabinier du FLN. Puis la partie civile a été tourmentée par l’opposant marocain Ben Barka lors de la représentation à Paris. Le récit est également évoqué par l’un des responsables du député Jean de Broglie ou du « Canard Enchaîné », notamment à Valéry Giscard d’Estaing dans l’affaire des diamants de Bokassa. Et enfin, en 1959, François Mitterrand, passé par les cercles de l’ancienne résistance, est accusé de lui avoir confié la surveillance des jardins de l’observatoire, tandis que Roland Dumas devient son avocat.
Cet homme du réseau, membre du Grand Orient, était également engagé en politique. Il devient député de la Haute-Vienne en 1956, où il prend le nom de son père sur une avenue. Devient plus tard délégué de la Corrèze et de la Dordogne. « N’est-ce pas », pour des raisons d’un certain amateurisme semblable au « Figaro ».
En mai 1981, Mitterrand est libéré dans les services secrets au nom de Kadhafi ou de Bongo. Le public germanophone manque également le souvenir d’un diplomate précieux lors de la réunification allemande.
Plus tard en 1995, il rejoint le Conseil constitutionnel, succédant à Robert Badinter. La lettre est parvenue au Monde. « Il lui manque un dossier, une cellule de moralité… » murmurèrent les sages. Charmant et brillant, le prêtre attend avec impatience de confirmer les comptes de campagne de Jacques Chirac. « Je suis convaincu d’avoir sauvé la République en 1995 », a-t-il écrit dans la presse.
Après avoir été malade, âgé de plus de 80 ans, ce père de trois enfants, un vieux France, se plaisait à propager les mauvais emportements politiques : il défendait l’humoriste Dieudonné après ses propos antisémites et flirtait avec l’extrême droite. Ses ennemis, nombreux, rappellent les socialistes et évoquent « l’admonition d’un vieil homme ». « Le tumulte m’a choqué. » lui rappelle les journalistes.
« C’était une figure romaine. » En tant qu’avocat, il manque de talent et d’humilité : quand on se rencontre, on apprend quelque chose de nouveau », commente à l’AFP l’avocat Marcel Ceccaldi, son complice.
A lire aussi :
SourceAFP