DAnnées une chronique de journal actuelle Le monde, Camille Mosse, analyste du marché de la santé, propose « De futures collaborations entre secteurs public et privé pour mieux comprendre les problèmes de santé », en l’occurrence les dépenses de santé. MMoi Mosse, directeur d’un organisme complémentaire de santé, souligne que ces collaborations sont privilégiées par les directeurs de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) et de la Sécurité sociale.
Toutefois, l’assurance et les mutuelles n’ont pas la même efficacité que l’assurance maladie obligatoire. Transférer une partie des coûts liés à la prise en charge des patients atteints de maladies de longue durée (ALD) – pris en charge à 100 % par l’assurance maladie – vers des organismes privés (mutuelle ou assurance privée) réduirait certainement le fameux « écart Secu » et le déficit de dépenses publiques examinées par différents organismes européens ou d’évaluation, les affections ALD représentant 66 % des dépenses remboursées.
Toutefois, cela ne ferait que déplacer la charge sur l’assurance maladie complémentaire, qui ne parviendrait alors pas à répercuter les coûts supplémentaires sur les cotisations des assurés. Ce transfert des dépenses d’assurance maladie vers le secteur privé ne réduira pas les dépenses de santé et exacerbera les inégalités dans l’accès aux soins de santé.
Frais de publicité et dividendes
Dans le secteur de la santé, la multiplication des acteurs privés crée des coûts supplémentaires puisque leurs coûts administratifs sont bien supérieurs à ceux de la sécurité sociale. Cette dernière a consacré 3,4% de son budget aux frais administratifs en 2019, contre 20,3% aux assurances complémentaires privées (16% du chiffre d’affaires pour les fonds de pension, 19% pour les mutuelles et 22% pour les compagnies d’assurance).
Ces coûts administratifs importants pour l’assurance complémentaire santé s’expliquent en partie par les coûts de publicité et d’acquisition de nouveaux clients dans un marché concurrentiel, mais aussi par le fait que les organismes d’assurance à but lucratif (assurance retraite, assurance) versent des dividendes à leurs actionnaires.
Les acteurs financiers, et notamment les compagnies d’assurance, voient dans les mesures prévues la possibilité d’un nouveau marché, puisque la sortie de l’assurance maladie conduira les Français à souscrire des contrats d’assurance maladie dont la couverture dépend du niveau de contrat choisi. Les plus riches, qui sont statistiquement les moins malades, bénéficieront d’une bonne couverture, tandis que les pauvres seront moins protégés. Le risque réside dans le fait de renoncer aux soins pour des patients incomplètement assurés. Cela s’applique déjà aux soins de proximité mal remboursés, comme le modèle d’assurance américain auquel le président Obama a tenté de mettre fin.
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