La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité? L’État nous doit-il quelque chose? L’épreuve de philo du bac bat son plein mardi matin pour plus de 540.000 lycéens, mais sans trop de stress pour nombre d’entre eux, concentrés sur les spécialités qui démarrent mercredi.
Les terminales des voies générale et technologique (392.145 pour le bac général et 151.224 pour le bac technologique) planchent depuis 08H00 sur un des trois sujets de philosophie (deux dissertations et un commentaire de texte) prévus dans le cadre du nouveau bac instauré en 2019.
En voie générale, ils ont eu le choix entre un texte de Simone Weil de 1943 sur la condition ouvrière pour le commentaire de texte, ou répondre, pour la dissertation, à l’une de ces deux questions: « La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ? » et « L’État nous doit-il quelque chose? ».
En voie technologique, les sujets portaient sur « La nature est-elle hostile à l’homme ? » et « L’artiste est-il maître de son travail? » pour la dissertation, et un texte de Platon.
Interrogée juste avant l’épreuve, dans le centre-ville de Bordeaux, Lucile, 17 ans, trouve qu’« apprendre la philo en un an pour rédiger une dissertation, c’est trop demander ». Même si elle « se sent plutôt bien ».
« Pas vraiment stressé », après avoir révisé la philosophie « trois, quatre jours avant », Giv Mohajeri, 19 ans, au lycée international des Pontonniers à Strasbourg, va « juste faire ce (qu’il peut) pour avoir la meilleure note ».
La note du bac repose à 40% sur le contrôle continu et à 60% sur des épreuves dites terminales (le français écrit et oral, passé en classe de première, les épreuves de spécialité, la philosophie et le grand oral, passés en terminale).
session « plus normale »
La philosophie, elle, ne compte que coefficient huit dans le bac général, et quatre pour le bac technologique (sur un total de 100).
Romain, 18 ans, est parti ainsi « confiant » étant donné que ce n’est « pas la matière qui compte le plus de points au niveau coefficient », avant d’entrer dans le lycée Edgar Quinet à Paris.
Le bac 2024, qui se déroule dans un contexte de mobilisation d’une partie de la jeunesse contre l’extrême droite, est marqué par le renvoi de mars à juin des épreuves de spécialité.
Ces épreuves (les deux matières majeures choisies par chaque lycéen en terminale et qui comptent à elles deux pour un tiers des résultats) avaient été avancées en mars l’an dernier, entraînant absentéisme et démotivation au dernier trimestre.
« Cette année, la philo n’est donc plus la seule épreuve écrite placée au mois de juin. Nous sommes avec une session 2024 plus normale, qui ressemble davantage à ce qu’était le bac avant la réforme », constate Hélène Péquignat, professeur de philo à Voiron (Isère).
Le problème, selon cette enseignante: « les révisions des spécialités et du grand oral viennent télescoper la préparation de la philosophie ».
Le bac à 9 ans
« Etant donné qu’il y a les spécialités avec un coefficient 16 chacune la même semaine, j’ai clairement laissé de côté la philo », assure Romane, 18 ans, dans les Côtes-d’Armor, qui a choisi les spécialités Langues, littératures et cultures étrangères (LLCE) et Sciences économiques et sociales (SES).
Après la philo, les lycéens de la voie générale et technologique passeront les épreuves écrites de spécialité, de mercredi à vendredi, puis le grand oral entre le 24 juin et le 3 juillet.
Les résultats du bac, qui reste le sésame indispensable pour poursuivre des études supérieures, seront publiés le 8 juillet. Mais beaucoup de lycéens connaissent déjà leur orientation, car Parcoursup donne ses réponses aux futurs étudiants depuis le 30 mai.
Pour cette édition du bac, la postulante la plus jeune, inscrite en candidate libre dans l’académie de Strasbourg, a neuf ans. Le plus âgé a 76 ans.
Pour le bac pro, les 184.795 élèves de terminale, qui ont démarré la semaine dernière les épreuves écrites générales avec les langues, passent mardi matin le français et dans l’après-midi l’histoire-géographie.
Le taux de réussite au baccalauréat dépasse depuis 2012 les 80%. L’an dernier, il était de 90,9%, en baisse de 0,2 point sur un an.
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