L’intelligence artificielle (IA) générative, nouvelle « technologie de rupture », et ses impacts dominent les échanges au Web Summit, grand-messe de l’économie numérique qui se tient à Lisbonne cette semaine, sur fond de réélection de Donald Trump.
« L’intelligence artificielle est la nouvelle grande technologie de rupture » capable de changer tous les secteurs de la société, comme l’électricité avant elle, a avancé le président de Microsoft, Brad Smith, devant un public d’entrepreneurs attentifs mardi.
« Nous avons l’opportunité de créer ensemble une nouvelle économie de l’IA mais, plus que ça, nous pouvons construire la nouvelle révolution industrielle mondiale », a-t-il poursuivi.
L’intelligence artificielle générative en particulier, capable de produire toutes sortes de contenus sur simple requête en langage courant, a déboulé sur la scène internationale il y a deux ans avec le lancement de ChatGPT par l’entreprise américaine OpenAI, dans laquelle Microsoft a investi quelque 13 milliards de dollars.
Brad Smith a aussi rappelé les investissements du géant américain dans les centres de données, infrastructures indispensables au fonctionnement de l’IA qui demande énormément de puissance de calcul et d’énergie.
« Nous ne pouvons pas nous permettre de construire des centres de données et consommer de l’électricité sans nous soucier de ce que cela signifie pour une localité, un pays ou la planète », a-t-il reconnu, au moment où de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer le coût environnemental colossal de cette technologie.
Agent conversationnel
En tout, ce sont plus de 71.000 participants issus de 153 pays, dont plus de 3.000 start-up et 1.000 investisseurs, qui se regroupent au Portugal pour échanger sur les nouveautés liées à l’intelligence artificielle.
Le président d’Alibaba, géant chinois du e-commerce, Kuo Zhang, en a profité mardi pour annoncer le lancement d’un nouveau moteur de recherche à base d’IA générative, baptisé Accio, afin d’aider les vendeurs de petits commerces à trouver des fournisseurs sur la plateforme.
« C’est un agent conversationnel, qui permet aux gens de discuter en langage naturel et de les connecter à des fournisseurs partout dans le monde », a-t-il détaillé. « Cela permet aux PME de prendre de meilleures décisions ».
« Cette année, le Web Summit est devenu l’un des plus grands rassemblements sur l’intelligence artificielle », a lancé Paddy Cosgrave, cofondateur de l’événement, lors de la soirée d’ouverture lundi.
Le scénariste et réalisateur de la série britannique « Peaky Blinders », Steven Knight, abordera mercredi l’impact de l’intelligence artificielle sur le monde du cinéma et des séries, tandis que la chanteuse britannique Imogen Heap expliquera jeudi en quoi l’IA peut servir d’outil à la création musicale.
« Nous sommes à la croisée des chemins », a résumé sur scène lundi l’astrophysicien Max Tegmark, président de l’association Future of Life Institute qui alerte régulièrement sur les possibles dérives de l’IA.
« Soit nous prenons la mauvaise route, nous construisons une intelligence artificielle générale (c’est-à-dire comparable voire supérieure aux humains, NDLR), perdons le contrôle et il y a de bonnes chances que nous soyons tous morts dans dix ans. Soit nous prenons le bon chemin et je pense qu’il peut dépasser nos espoirs les plus fous ».
Turbulences
« Il y aura des turbulences », a convenu Thomas Wolf de la start-up Hugging Face, plateforme de partage de modèles d’intelligence artificielle en accès libre.
Une secousse est venue des Etats-Unis la semaine passée avec l’élection de Donald Trump, dont la campagne pour la Maison Blanche a été fortement soutenue par le magnat des technologies Elon Musk.
Le 47e président américain pourrait notamment réviser ou annuler un décret controversé de son prédécesseur Joe Biden qui fixe des normes pour la sécurité de l’IA, en mettant l’accent sur la protection de la vie privée et la lutte contre les biais.
Mais la victoire du républicain pourrait aussi relancer une guerre commerciale avec la Chine, ce dernier ayant promis de mettre en place des droits de douane agressifs, destinés à forcer les entreprises à construire aux États-Unis.
Une perspective qui ne semble pas inquiéter le patron de Qualcomm, spécialiste américain des technologies mobiles et des processeurs pour smartphones.
« Nous n’avons pas été impactés par les relations actuelles entre les Etats-Unis et la Chine », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse en marge du Web Summit mardi.
« Nous nous portons bien globalement, quel que soit le gouvernement en place », a-t-il ajouté.