L’Indo-Pacifique, vaste espace maritime s’étendant entre les côtes orientales de l’Inde et du Japon et englobant tout ou partie de l’océan Indien et du Pacifique, est devenu en moins d’une décennie un enjeu géopolitique majeur à l’échelle mondiale. Et pour cause : les États-Unis, leurs alliés et leurs proches défendent une « zone libre et ouverte » dans laquelle doit prévaloir la « liberté de navigation ».
C’est l’Indo-Pacifique auquel les chercheuses Valérie Niquet et Marianne Péron-Doise consacrent leurs travaux L’Indo-Pacifique, nouveau centre du monde (Tallandier, 255 pages, 19,90 euros), par lequel s’effectue la majorité des échanges mondiaux entre les continents. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis disposent également d’un réseau d’alliances et de bases dans l’Indo-Pacifique qu’ils estiment nécessaires à leur sécurité : n’est-ce pas dans cette zone qu’a eu lieu la première attaque contre les Américains ? Territoire au XXe sièclee Siècle, à Pearl Harbor ?
« Soyons clairs : les États-Unis ne peuvent être en sécurité que si l’Asie est en sécurité. »a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, lors de la dernier dialogue de Shangri-Lala grande réunion des ministres de la Défense consacrée aux questions de défense en Asie, qui s’est tenue à Singapour du 31 mai au 2 juin.
La Chine, « facteur de rupture majeur »
La Chine voit les choses différemment : elle veut éloigner les États-Unis de ses côtes et leur refuser l’accès aux mers de Chine méridionale et orientale, qui entourent Taïwan. Il revendique donc une sorte de vaste mer intérieure dans la mer de Chine méridionale – marquée par la fameuse « ligne à neuf tirets » – et, ce faisant, méprise le droit international et le droit des pays côtiers d’Asie du Sud-Est à jouir de leurs zones économiques exclusives. Pékin s’efforce également de détruire les alliances qui unissent les États-Unis au Japon, à la Corée du Sud, aux Philippines, à Taiwan et à Singapour. Tout cela dans le but ultime de parvenir à la réunification de Taiwan, que ce soit par crochet ou par escroc.
Bref, c’est elle « grand fauteur de troubles », comme l’appellent les deux spécialistes des questions de stratégie et de politique de défense en Asie. Contre la Chine, le concept de l’Indo-Pacifique s’est également forgé, d’abord soutenu par le Japon, repris par les États-Unis, puis transformé en autant de « stratégies » et de « visions » par onze autres pays – dont la France.
Ce « grand jeu » comprend les porte-avions, les sous-marins et les îles artificielles, ainsi que les opérations dans la « zone grise » : la Chine s’est spécialisée dans ce domaine, mobilisant des dizaines de bateaux de « milices maritimes » (faux pêcheurs) autour des îles qu’elle convoite ou bloque les garde-côtes philippins en allant jusqu’aux limites d’un acte de guerre.
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