Maria **

de Jessica Palud

Film français, 1 h 42

Fréquenter les plateaux de cinéma, c’est pour Maria se rapprocher de son père, l’acteur Daniel Gélin, qu’elle connaît peu. Quand elle toque à sa porte, à 16 ans, il lui ouvre peu à peu les tournages et les coulisses de ses films. Décidée à devenir actrice, la jeune fille rencontre ainsi le cinéaste Bernardo Bertolucci, qui ne lui propose rien de moins que le premier rôle féminin du Dernier Tango à Paris, avec pour partenaire Marlon Brando. Rejetée par sa mère, elle trouve parallèlement abri chez Michel, son oncle maternel.

En 2018, Vanessa Schneider, fille de ce dernier, journaliste et romancière, publie Tu t’appelais Maria Schneider (Grasset, août 2018, 19 €, 256 p.), où elle relate notamment l’abus dont a été victime sa cousine sur le plateau de Bertolucci. Le film de Jessica Palud adapte son livre en déplaçant le regard de Vanessa à Maria, interprétée par Anamaria Vartolomei.

L’humiliation et les larmes

À seulement 19 ans (et donc mineure à l’époque, en 1972), la jeune comédienne joue Jeanne, dont la relation avec Paul (Marlon Brando, incarné par Matt Dillon), un homme deux fois plus âgé, devient de plus en plus violente. Bernardo Bertolucci et Marlon Brando s’accordent pour tourner une scène de viol sans prévenir Maria Schneider. Le cinéaste veut avoir à l’image son humiliation et ses larmes. Personne sur le plateau n’intervient.

Le film de Jessica Palud tombe à point nommé, alors que la dénonciation des violences et harcèlements sexistes et sexuels (VHSS) dans le milieu du cinéma ne cesse de s’amplifier. Il rappelle que Maria Schneider a témoigné de son expérience sur ce tournage, mais que, loin de susciter l’empathie, elle a subi des réactions virulentes et des sarcasmes. Résumée à la seule scène du viol, elle en est apparue comme la coupable plutôt que la victime. Ce fut pour elle le début d’une longue descente aux enfers.

L’image travaillée du film restitue avec finesse l’atmosphère des années 1970. Jessica Palud procède par ellipses successives, pas toujours immédiatement claires, pour relater les différentes phases traversées par Maria Schneider, de son adolescence à sa reconstruction. De tous les plans, Anamaria Vartolomei convainc en adolescente en quête de père, en actrice débutante devant un « monstre sacré du cinéma » et en jeune femme à la dérive. Elle porte sur ses frêles épaules la force de ce récit pudique et nécessaire.

• Non ! * Pourquoi pas ** Bon film *** Très bon film **** Chef-d’œuvre



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