R.Telles sont les certitudes qui ressortent de cette période de turbulences ouverte par la décision d’Emmanuel Macron d’affronter la France au poker. Voici au moins une chose : les catégories populaires, et notamment les personnes de nationalité étrangère ou perçues comme telles, seraient les premières à faire les frais de la prise de pouvoir du Rassemblement national (RN). Certains parce qu’ils sont en première ligne pour payer la facture de ses fausses promesses ; les autres parce que, s’ils vivent souvent dans la précarité sociale, ils servent aussi de boucs émissaires à l’extrême droite.

Pour cette potentielle tragédie, qui conduirait le gouvernement français à nourrir la haine des étrangers à la veille des Jeux olympiques et paralympiques censés symboliser son rayonnement international, les responsabilités sont très anciennes et partagées. Depuis ses premiers succès électoraux aux élections locales de 1983 à Dreux (Eure-et-Loir), le Front National (aujourd’hui Rassemblement National) n’a cessé de remporter des succès en exploitant la xénophobie de deux manières : sur le plan économique – l’immigré est présenté comme « prenant le pouvoir » « Français » et compte tenu des aspects sociaux – et identitaires – la France « ne serait plus la France ». Les gouvernements de droite comme de gauche ont répondu à cette pression en durcissant constamment les lois sur l’immigration et la nationalité. Ni François Mitterrand, ni surtout Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy n’ont hésité à utiliser ces questions pour diviser leur opposition ou séduire les électeurs.

Alors que Marine Le Pen était déjà marquée par les attentats islamistes, les crises migratoires européennes et les violences urbaines, Emmanuel Macron a mobilisé les électeurs de gauche en 2017 en choisissant une ligne ouverte. « La question de l’immigration ne doit pas inquiéter la population française (…). L’immigration s’avère être une opportunité d’un point de vue économique, culturel et social.il a ensuite expliqué à l’hebdomadaire évangélique réforme.

Vigilance républicaine

Mais après sa réélection en 2022, le ton change. Un projet de loi sur l’immigration vise à diviser la droite et à « soulever la question » avant les élections européennes. Il vise à refléter l’activisme du gouvernement sur un sujet qui inquiète les électeurs, mais en réalité il s’agira d’une machine infernale. En instaurant une polémique permanente sur le dossier phare de l’extrême droite depuis plus d’un an et en mettant en scène le spectacle de l’impuissance du pouvoir, la séquence ne fait que préparer la voie. le succès du leader de la liste RN aux élections européennes, Jordan Bardellaet peut-être son arrivée à Matignon.

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